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16 octobre 2007 2 16 /10 /octobre /2007 23:24

On en a déjà pas mal parlé en ce début d'automne, mais je le remets ici: le minimum d'été de la banquise arctique a atteint cette année une valeur sans précédent  (les observatons par satellite datent de 1979), battant très largement (de 23% !) le précédent record établi en 2005.

moyenne 1979 - 2000:  6.74 millions de km2
Minimum 2005 :              5.32 millions de km2
Minimum 2007 :              4.13 millions de km2.

icemini-copie-1.jpg





























La différence de 2007 à 2005 est aussi grande que celle de 2005 à la moyenne 79-2000 (la différence de 2007 à 2005 représente environ la taille du Texas et de la Californie réunies...)
Notons aussi que ce minimum a été atteint assez tard dans le mois de septembre, traduisant une fonte plus longue:
minice.png


Voici donc la variation interannuelle de l'extension minimum de la banquise en Septembre:


20071001-septembertrend.jpg






















Avec 2007 la tendance est désormais à un déclin de 10% par décennie.
Gardons néanmoins à l'esprit que la variabilité interannuelle du minimum de banquise arctique est forte (cf ci-dessus) , par exemple en 96 le gain de banquise a été du même ordre que la chute cet été. Néanmoins la perte de glace en 2007 est impressionante, et globalement est plus rapide que prévue par les modèles du GIEC (j'ai rajouté 2007 à la main - merci Paint) :


arctic-sea-ice-extent6-sm.jpg






























Si vous voulez voir la dispersion des modèles, c'est ici  - mais c'est moins probant....
Les observations in situ (avions, navires) avant 1980 suggèrent par ailleurs que le minimum estival de banquise a peut-être décliné de 50% depuis les années 1950.

Alors, au delà de la simple intuition et de la tendance à la baisse, peut-on relier rigoureusement ce record de 2007 à une accélération du réchauffement climatique causé par l'homme ?
Comme à chaque fois que l'on descend à l'évenement saisonnier et régional, la réponse est peu aisée: le record de cet été semble dû à une configuration particulière des pressions et dépressions atmosphériques au-dessus de la région, avec des hautes pressions et des ciels clairs favorables à la fonte au-dessus de l'océan arctique, et des basses pressions au-dessus de la Sibérie ayant favorisé des convergences d'air chaud et humide vers la banquise. Ce qui repousse le problème à l'origine de cette configuration atmosphérique...
Une piste plus évidente est tout simplement que la banquise a commencé sa fonte estivale dans un état plus fragile et fin qu'à l'accoutumée, ce qui a permis à l'évidence une fonte accélerée. En effet la croissance de la banquise en hiver ne remet pas complètement les compteurs à zéro chaque printemps, il peut y avoir une mémoire interannuelle de la fonte. Il s'agit là d'un feedback positif en cas de forte fonte: plus la fonte est importante en été, plus elle est facilitée à l'été suivant. A cet égard il sera intéressant de suivre l'état de la banquise arctique au printemps prochain, après une telle diminution cet été...
Enfin il semble que l'organisation de la dérive de la glace ait résulté cet été en de larges quantités de glace relarguées vers l'Atlantique Nord, et donc fondues.

Autre point: ces observations ne concernent  que l'étendue de glace arctique. Il n'y a pas aujourd'hui de données étendues sur l'épaisseur de cette glace - bien que des observations faites à bord de sous-marins américains (et russes ?) équipés de sonars au cours de la dernière décennie, semblent indiquer une diminution de l'épaisseur moyenne de la glace de 3 mètres à 2 mètres... mais ce sont des données trop discontinues dans le temps et l'espace. 
Or pour connaître le volume de glace précis perdu par l'Arctique, cette épaisseur est fondamentale. D'où une forte activité scientique ces temps-ci dans l'Arctique (projet européen DAMOCLES et goélette TARA, notamment) pour obtenir des données de terrain sur l'état et l'épaisseur de la banquise, et des mesures prévues par satellites avec le satellite de la NASA ICEsat

Au total, les scientifiques de l'Arctique semblent néanmoins  maintenant s'accorder pour dire qu'il est fort possible que l'Arctique soit libre de glaces en été dès l'horizon 2040-2050, voir avant, pour les plus pessismistes, si des feedbacks positifs forts se mettent à l'oeuvre (rappelons que les prévisions de GIEC situaient cet évenement  pour la deuxième moitié du XXIème siècle). 
Au-delà de la survie des ours polaires - qui semble bien compromise dans un tel contexte, une des questions qui se posent alors est la suivante: étant donnée les modifications climatiques fortes qui seront immanquablement provoquées par cette disparition de glace estivale (aborption d'énergie beaucoup plus forte par l'océan, donc réchauffement, forte évaporation,  donc plus d'effet de serre mais peut-être aussi plus de précipitations, etc...), et au-delà des répercussions météo qui ne manqueront pas de se faire sentir, en conséquence, à grande échelle sur le reste du globe, quelle sera l'avenir de la calotte du Groenland dans un tel contexte ?
Sa fonte est en effet d'ores et déjà déjà plus rapide que prévue (voir poste pécédent). 
Pour le dire autrement: une calotte groenlandaise du même ordre de grandeur que l'actuelle (i-e, sans une fonte massive) pourrait-elle survivre à un océan arctique sans glace estivale ? 
La question risque bien de se poser plus tôt que prévue...
 

Pour en savoir plus: le National Snow and Ice Data Center (US), ici.
Cette page du Goddard Space Flight Center de la NASA propose des "fondues" sympas...

 
   

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commentaires

R
On en est ou en 2009?
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R
éternité.voila j'aurai petétre de nouvel réponse.en attendant merci a tous
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R
bonjour a tous j'aimeré avoir des éclairage sur le sujet que voici.voila depui larivé d'internet dans ma chambre j'ai pu aprofondir mes recherche sur les courant océanique et les cause des différente période glaciére dont la terre a été victime depuis des centaine de miller d'anné.toute se sont mise en marche a cause du réchauffemen naturel de la planéte qui,sur des millier d'année a fé fondre naturelemen les banquise.l'eau douce,ki résulte de la fonte perturbe les courant chaud de surface se qui a pour éfé de perturbé les courant océanique.il devienne konplétemen désordoné et peuven sarété brutalemen.nou, en europe nou devon notre climat tempéré au golf stream qui nous apporte la chaleur.le gro probléme ses kavec no usine,no voiture et toute ses connerie nou avon considérablemen accélérer le fénoméne de réchauffemen,certain chiffre son alarmen.des site et des émission come:une vérité qui dérange,nou annonce san rougir que dan moin d'un siécle la casi totalité des banquise fondré en été.et toute cette eau douce elle va ou.dans la mer.je pense qu'il a une immense désinformation sur ce phénomene.je trouve que le film:le jour d'aprés,et une bone image de se ki pouré rééllemen se pacé.éccepté kel ne sinstaleré pa pour kelke jour come dan le film mé pour plusieur millier d'anné.dekoi se jelé pour une bonne
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J
La banquise antarctique a battu son record d'extension en ocotbre 2007...informez vous avant de crier a l'alarmisme sans arret...
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I
je m'informe, jnoel, je m'informe - je ne fais même que ca...comme je le disais dans une réponse à un commentaire de ce même post, il ne me semble pas que la banquise antarctique présente une tendance nette à l'extension, voir ici:http://arctic.atmos.uiuc.edu/cryosphere/IMAGES/current.anom.south.jpgalors que pour l'arctique:http://arctic.atmos.uiuc.edu/cryosphere/IMAGES/current.anom.jpgCe qui est inquiétant c'est l'inscription de l'anomalie exceptionnelle  de banquise estivale arctique dans un contexte préexistant de diminution. Rien de tel, en sens contraire, pour l'Antarctique semble-t-il.
G
C'est noté pour l'Arctique : je vais essayer d'adopter un ours polaire dans mon studio.<br /> Par contre, est-ce que l'on dispose de ce type de données pour l'Antarctique? J'ai l'impression qu'on en parle moins souvent : est-ce parceque c'est moins stratégique au niveau géopolitique, parceque ça risque d'avoir moins d'effets au niveau climatologique , parcequ'on a moins de données peut être? Ou alors (comme me l'a suggéré une langue bien pendue mais a priori bien informée) l'épaisseur de glace en Antarctique augmente et on n'a pas trop envie que ça se sache?<br /> Eclaire ma lanterne, ô homme du froid!
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I
Effectivement, on parle moins de l'Antarctique en ce moment, car les résultats y sont un peu moins spectaculaires.Attention toutefois à bien distinguer: l'Arctique n'est pas directement comparable à l'Antarctique, l'Arctique c'est de la banquise qui flotte sur l'eau (10aine de mètres d'épaisseur maxi), l'Antarctique c'est une calotte glaciaire (un "inlandsis") de plusieur milliers de mètres d'épaisseur, sur un continent pour sa majeure partie - à ce titre, on associe souvent Groenland (même nature) et Antarctique pour parler de "fonte des calottes".Mais il y a bien une banquise antarctique, qui entoure le continent et la calotte antarctique - voir image en tête du blog- et qui, tout comme la banquise arctique, connait des fluctuations spatiales importantes entre hiver et été. Qu'en est-il alors de cette banquise ?.Et bien, pour ce que j'en sais, il n'y pas vraiment de décroissance de cette glace de mer antarctique (mesure par satellite depuis 1979, idem que pour l'Arctique, voir par ex.ici: http://arctic.atmos.uiuc.edu/cryosphere/IMAGES/current.anom.south.jpg) Il y a un peu débat actuellement je crois, pour savoir ce qu'il en était avant 1980, en utilisant d'autres approches indirectes (une équipe il y a qq années avait annoncé -20% depuis 1950). Et la calotte de glace elle-même, alors ?Il faut d'abord savoir que l'Antarctique est divisé en 2 calottes quasi-distinctes, Ouest et Est; l'Ouest étant situé un peu plus haut en latitude, plus bas en altitude (sous le niveau de la mer, en fait), et étant preque dix fois plus petite que celle de l'Est. Cette calotte Ouest est plus fragile au réchauffement, des indices paléoclimatiques indiquent par exemple qu'elle aurait déjà fondu en partie il y a 125 000ans lors d'un épisode interglaciaire un peu plus chaud que l'actuel (d'où quelques mètres d'eau de mer en plus, la totalité de la calotte ouest valant 6m, et l'est 60-70m); d'ailleurs elle est plus récente que l'Est : qq millions d'années contre plusieurs 10aines de millions d'années. C'est cette calotte Ouest qui focalise l'essentiel de l'attention.Alors, fonte ou pas ?Et bien là, c'est  plus compliqué que pour la banquise: il ne suffit pas juste d'estimer une extension spatiale de glace - car cette extension ne varie pas. On peut estimer 1) l'évolution du volume à partir de mesures satellite de l'altitude de la calotte 2) l'évolution de la masse par salellite gravimétrique 3)  faire un bilan précipitation/fonte à partir de mesures et de modèles.Ces différentes estimations (dont surtout l'option 2, avec les satellites GRACE de la Nasa, mais depuis 2002 seulement ) semblent indiquer que l'Antarctique de l'Ouest perd de la glace, pendant que l'Antarctique de l'Est en gagne; pourquoi en gagne ? parce les précipitations y augmentent.Le tableau serait donc pour l'instant celui-ci: une perte de masse sur les parties côtières, surtout l'ouest, partiellement compensée par un gain dans les régions centrales de l'est par accumulation de neige.Le point important, néanmoins, que je soulignais dans un post précédent, c'est que la fonte sur les bords risque d'engendrer des feedbacks dynamiques positifs entrainant davantage de fonte et de désintégration, plus rapidement que prévu.Voila pour l'antarctique. Le tableau est assez similaire pour le Groenland, avec davantage de gros risque de fonte car le rechauffement attendu au Groenland est bien plus fot que celui attendu en Antarctique (en fait, je crois même que les températures sur la calotte antarctique diminuraient en ce moment, du fait d'un renforcement de la circulation circulaire des masses d'air autour de la calotte, qui l'"isolent" en quelques sorte ). Les modèles ne prédisent pas un réchauffement atmosphérique massif en Antarctique ! c'est surtout le réchauffement des mers qui attaque la calotte je crois - au contraire du Groenland, où ce sont les t° atmo. essentiellement qui engendrent la fonte. Quoiqu'il en soit, l'affirmation "l'épaisseur de glace en Antarctique augmente " de cette langue bien pendue, me semble, au mieux une ignorance grossière, au pire de la mauvaise foi bien dodue.