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19 décembre 2013 4 19 /12 /décembre /2013 00:35

De retour de l'AGU Fall meeting 2013 a San Francisco, ou des collegues Francais me faisaient part de l'etat deplorable des recrutements de chercheurs cette annee, au pays...

131202-concours-chercheur-fr57484 

Je lis en effet que le CNRS recrute cette anne "300 chercheurs" - ce qui, de prime abord, peut sembler beaucoup au quidam non-informe (et le but implicite de l'affiche est certainement de faire sonner ce nombre comme important), mais qui, quand on sait que cela concerne toutes les disciplines et que le CNRS compte environ 11 500 chercheurs en poste (statutaires), est donc a relativiser... En fait, je lis meme ici que ces recrutements ne correspondent officiellement qu'a des remplacements de depart a la retraite (incidemment, non des departs pour autres raisons...).

En effet ce chiffre de 300 me semble plus bas que ce que je pouvais voir sur ces memes affiches, dans les couloirs de mon labo de these a Jussieu, il y a quelques annees. Une petite recherche internet me fournit ce graphique des recrutements CNRS, via Nicolas Holzschuch :

 

cnrs_evolution_postes.png

 

[2001 = exception, création du nouveau departement STIC]

      On peut en effet constater la baisse reguliere des recrutements (Charges de Recherche de rang 2 et 1, autrement dit rangs par lesquels on rentre, habituellement) sur les dernieres annes, de proche de 400 au cours des annees 2000, a environ 300 aujourd'hui... et quand on lit dans le meme article, mentionne plus haut, qu'il se profile dans les prochaines annees une diminution tres significative de ces departs a la retraite a remplacer, justement, ceci n'augure rien, mais alors rien de bon pour l'emploi scientifique (je me focalise ici sur le CNRS, mais on me dit des choses similaires sur l'IRD, par exemple)...  Mais ou sont donc tous les papy-boomers dont on a serine a ma generation, des annees durant, que leur depart nous ouvrirait en grand les portes de la recherche scientifique ? :-). Bref, c'etait deja dur, ca va devenir tres dur, on dirait.

      Pour preciser un peu, on peut voir sur la page concours cnrs qu'il y a 46 sections disciplinaires au cnrs - des mondes medievaux aux nano-tech en passant par la neurobio et le climat... -  avec donc en moyenne 6 postes de Charge de Recherche rang 1 ou 2 par section. Evidemment il y a des sections mieux loties (en valeur absolue, car probablement plus grosses) que d'autres, comme maths ou physiques (11 CR) - cette annee, en climat (section 19): 3 - ce qui me semble moins que par le passe.

Au passage j'ai compte sur cette page du Cnrs 278 postes de CR1+CR2 (66+212), et non 300; ce qui, i) est conforme avec le graphe ci dessus de Nicolas H. ou le point pour 2014 est inferieur a 300, et ii) me fait me demander comment ce nombre annonce de 300 est atteint ? en incluant certains des postes Directeur de Recherche ouvert en externe ? si quelqu'un a l'explication, je suis preneur. M.A.J. 20/12: apres reflexion, oui ca me semble bien ca (DR2 externes). Dans ce document du CNRS que je lis ca ne semble pas etre le cas dans les annees anterieures, de 2003 a 2011, ou concours CR (i.e. postes annonces sur l'affiche) = postes CR1 + CR2 chaque anne; je note que ca a change en 2012 seulement, les postes annonces etant superieurs a CR1 +2 (cf.page 8)... 

 

En revanche, on peut voir - toujours sur le plot ci-dessus - que fin des annees 90. les postes n'etaient pas necessairement plus nombreux (il serait interessant de pouvoir remonter plus avant, si quelqu'un a les chiffres ? il me semble que le concours cnrs doit exister depuis les annees 80). Ce qui je l'avoue m'a un peu surpris, et est un peu contraire a la vision, assez partagee j'imagine parmi les jeunes chercheurs aujourd'hui, d'une epoque (le siecle dernier !) ou on rentrait au Cnrs plus facilement...

Evidemment, la difficulte de concours tient aussi au nombre de candidat qui se presentent : il convient donc de rapporter ca au nombre de candidats - malheureusement, je n'ai trouve (ici) que ce graphique sur les quelques dernieres annees:

 

candidats cnrs

 

On y constate une augmentation reguliere et importante de 2009 a 2011, mais qui se tasse en 2012. Il est difficile d'interpreter ce graph, je ne sais dans quelle mesure il peut etre extrapole dans le passe, ou bien le resultat en 2013 ni bien sur cette annee. (il est tentant de voir dans le tassement recent un feedback de la reduction des recrutements sur l'enthousiasme des candidats, peut-etre ?)

Je lis qu'en 2012 il y avait 7860 candidats en CR1+2 (les chiffres sur le plot incluent aussi les candidatures en DR2, donc sont plus eleves), soit, pour 316 postes cette anne-la, 24.9 candidats par poste... (N.B.: vu que les candidats en CR2 se presentent aussi parfois en CR1, ces 7860 incluent certainement certains candidats deux fois...).  En supposant pour l'exemple, vu le graph ci-dessus, un nombre similaire de candidats en 2014, avec 278 postes CR, on arrive donc a une "pression a l'entree" de 28.3 candidats par postes. Meme en supposant que certains de ces candidats ne sont pas tout a fait prets ou pas assez bons, ca fait quand meme du monde...

Par comparaison, toujours dans ce document (p.8), on peut lire que meme en 2004 (autre point bas du graph de nombre de postes), la "presson" n'etait que de 21 candidat/poste... ce qui semble donc indiquer qu'il y avait moins de candidats il y a seulement quelques annees. Une hypothese serait que le nombre de doctorants "produits" par l'education superieure a augmente au cours des dernieres annees (avec donc, d'autant plus de candidats au Cnrs), mais cet article de S.Huet indique que le nombre de doctorant/an est a peu pres constant en France, de 1993 a 2007 par exemple. Peut-etre y-a-t il aussi davantage d'etrangers qui candidatent desormais (dans mon domaine il y a beaucoup d'italiens par exemple) ? Si quelqu'un a davantage d'explications ...

Quoi qu'il en soit, de 2003 a 2012, cette "pression" a l'entree au Cnrs a evolue de 16.1 a 24.9 candidats/postes (et probablement davantage  en 2013 et 2014, donc), avec beaucoup de variabilite interannuelle mais clairement a la hausse sur les dernieres annees. En gros, davantage de candidats semblent se disputer de moins en moins de postes...

 

Moralite, ces chiffres font reflechir quant a tenter l'aventure du retour-Cnrs. Si l'on pouvait encore argumenter il y a quelques annees pour se rassurer, comme une collegue disait, que "ceux qui 'doivent' rentrer finiront par rentrer" (arguement un peu circulaire deja quand meme...), aujourd'hui clairement la pression devient telle que vraisemblablement meme ceux qui "devraient" rentrer, se cassent les dents plusieurs annees de suite et ne passent plus. Si l'on combine ce constat avec, apparemment, la nouvelle politique qui consiste a limiter par la loi le nombre d'annees qu'un chercheur peut passer en cdd (postdocs et autres) - en gros, donc, pas de cdi d'un cote, pas de cdd de l'autre - on est clairement amene a se poser la question de la gestion de ses ressources humaines par la recherche publique...

 

M.A.J. 20/12:

On me fait egalement passer le meme genre de graphique pour l'IRD (Institut de recherche pour le Developpement - 4eme EPST derriere le CNRS, l'INSERM et l'INRA:

 

IRD_postes.png

 

On voit bien le resserrement recent....

 

J'ai aussi fait une petite recherche pour l'INRA:

 

postes_INRA-copie-1.jpg

On dirait que l'INRA resiste un peu mieux, mais on voit bien la tendance recente a l'oeuvre egalement... (Quelqu'un veut le faire pour l'INSERM pour voir ?) . Ajoutons qu'un autre EPST, l'IRSTEA (ancien CEMAGREF) a apparemment carrement gele les recrutements en 2014.

On voit le tableau.

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commentaires

A
c'est à partager !
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M
COP21 ce changement climatique et les catastrophes naturelles des punitions d'ALLAH la preuve ce verset dans le Coran ALLAH dit (Dis-leur : «Dieu a le pouvoir de susciter contre vous un cataclysme descendant du ciel ou surgissant de la terre, ou de vous diviser en sectes rivales et de faire goûter aux uns la brutalité des autres.» Regarde comment Nous varions Nos enseignements, afin de les amener à comprendre.)Verset 65 Sourate Al-An'am les bestiaux pour les gouvernements de monde entier leurs scientifiques et leurs moyens d'information quel preuve que ces punitions d'ALLAH des catastrophes naturelles? réchauffement climatique et l'augmentation des séismes en islam normal c'est la fin du monde satan et ces amis a l'enfer.
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Y
L'effritement des états au profit des multinationales...<br /> Plus d'argent dans les caisses, wall street achète tout...<br /> Cdlt,<br /> Yann Soinard
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Y
Intéressant
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W
Bon à savoir.
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