Comme promis, la deuxième intervention de V. Courtillot et JM. LeMouel dans ce Document de l'Académie Francaise... La question était:
En France, comment verrions-nous, dans notre vie quotidienne, les effets éventuels d’un réchauffement climatique ?
« Pour ce qui est de la France, ou (parce que la réponse climatique y est voisine) de l’Europe occidentale, regardons d’abord le passé récent, jusqu’à la période actuelle. Les courbes en noir de la partie haute de la Figure 1 montrent l’évolution de la température moyenne en Amérique du Nord (à gauche) et en Europe (à droite) d’après le rapport du GIEC (fondées sur les données du Hadley Research Center). Ces courbes sont assez semblables, avec une croissance jusqu’en 1940, une décroissance de 1940 à 1970 et une forte croissance ininterrompue depuis. Les données brutes étant hélas inaccessibles, nous avons recalculé ces courbes moyennes en partant des données de température minimale, moyenne et maximale journalières de 44 stations en Europe et 150 aux Etats-Unis.
Ces données plus complètes (Figure 1 en bas) ne donnent pas vraiment la même image que celles du GIEC. En Amérique du Nord, par exemple, le refroidissement de 1940 à 1970 a eu la même ampleur que les deux périodes de réchauffement qui le précèdent et le suivent.
Bon, même topo que dans le #1: et alors ?? les données ne sont donc pas les mêmes - d'ailleurs comment sont-elles traitées, corrigées, homogénéisées,... par Courtillot et son équipe ? - la surface non plus, le lissage non plus ... Pas étonnant que les résultats n'aient pas l'air exactement identiques ! Mais sous-entendre, comme le fait Courtillot, que ses calculs sont forcément meilleurs, et que ceux du GIEC masquent délibérément la baisse des années 50-60, est assez gonflé...
On comprend pourquoi les articles de journaux évoquaient au début des années 1980 (de manière alarmiste, comme souvent) la crainte d’un retour vers un nouvel âge glaciaire (démenti rapidement, et dont les temps caractéristiques ne sont pas les mêmes…).
Aha... comment placer subtilement l'argument du 'global cooling des années 70's' (aah, l'article de Newsweek...). Sous-entendu, aujourd'hui comme en 70, l'alarmisme médiatique, et, par amalgame, le discours scientifique sous-jacent, sera démenti par les faits... Les fameux 4 rapports du GIEC dans les années 70 annoncant une ère glaciaire 'very likely', n'est-ce pas.... (heureusement, Courtillot rappelle doctement, lui, que les 'temps caractéristiques' ne sont pas les mêmes'). Notons que ce mythe des climatologues prévoyant tous une ère glaciaire dans les 70's avait été 'débunké' par un papier de Stoat.
Après 30 ans de réchauffement, on comprend que certains extrapolent et s’inquiètent d’une terre surchauffée…
Oh, seigneur.... la science du climat se résume à 'extrapoler' le réchauffement récent ?! 'Certains', seulement, sont inquiets, d'ailleurs... (alias 95% ou plus des scientifiques du climat ?!?) C'est quand même proprement scandaleux d'écrire ca. Soit cela montre que Courtillot ne comprend rien à la science du climat, soit il se fout ouvertement de la gueule du monde, tout simplement.
En Europe, la courbe n’a pas du tout la même allure. La tendance qu’on décèle derrière des variations plus rapides et assez amples (avec par exemple un refroidissement considérable mais bref en 1940), c’est l’absence de toute évolution entre 1910 et 1987 (ni réchauffement, ni refroidissement), puis un saut brusque d’environ un degré Celsius vers 1987, et depuis un nouveau plateau. Cette courbe en marche d’escalier ne ressemble guère à celle du GIEC, ni à celle des Etats-Unis, ni à celle de l’évolution du CO2.
Mais qui a dit que toutes les courbes de toutes les régions devait 'ressembler' au CO2 ?? quel 'strawman' grotesque - ou bien, encore une fois, cela témoigne d'une profonde incompréhension de la part de Courtillot, pour qui l'analyse des mécanismes du climat se résume à dire si oui on non des courbes se 'ressemblent'...
Quel seuil critique a donc été franchi vers 1987 qui fait sauter le climat européen d’un état stable à un autre, certes plus chaud ?
86: Tchernobyl ?
'stable' : la courbe s'arrête dans les années 90 - où est donc le reste du 'plateau' ?
La signature du réchauffement est donc régionale.
Ben oui - il y a une réchauffement global, et sa déclinaison régionale n'est pas homogène, évidemment. Quel scoop.
Pour ce qui est de la France, des indicateurs agricoles confirment cette évolution. C’est ainsi que la date de floraison des poiriers a été stable (avec de fortes variations autour de cette moyenne stable, comme la courbe de température de la figure 1 en bas à droite) jusqu’en 1987, et a avancé de deux semaines vers cette période, mais n’a plus évolué sensiblement depuis, en bon miroir de la température européenne moyenne (ou de celle de la France qu’on peut trouver sur le site de Météo-France ; voir Figure 2).
Si vous allez voir la figure, vous pourrez admirez davantage de tendances 'à la main', entre lesquelles il n'est pas 'facile de trancher mathématiquement' (sic).
Pour ce qui est des causes de ces évolutions, on se reportera à notre réponse à la question I-2. Nous y expliquons qu’à notre avis l’influence du CO2 a été surévaluée et celle du Soleil sous-évaluée, sans qu’il soit encore possible d’en donner des estimations quantitatives précises.
voir #1...
Nous pensons que les incertitudes restantes dans l’étude de ce problème complexe qu’est l’évolution du climat ont été très sous-évaluées. Les prévisions sont d’autant plus incertaines. Il faut souligner l’extrême variabilité du climat dans l’espace et dans le temps. Et naturellement les prédictions dépendent de la compréhension que l’on a des causes du phénomène. Si le Soleil est bien (comme il l’a été depuis des milliards d’années et à toutes les échelles de temps) un déterminant majeur du climat de la Terre, on comprend mieux la décroissance de la température à l’échelle globale depuis une dizaine d’années, en liaison avec une décroissance de l’activité solaire.
Magnifique "raisonnement" par induction. le soleil est bien "un" facteur; quid des autres facteurs déterminant le climat, comme l'effet de serre? Quid, à l'échelle décennale, de la variabiltié naturelle du climat ?
Certains physiciens du Soleil pensent qu’il vient de passer dans un mode de fonctionnement plus modéré qu’au cours des dernières décennies, et la baisse des températures pourrait se poursuivre quelques décennies, pour nous ramener peut-être (à l’échelle globale) aux températures des années 70…
Ah ben, tiens, Courtillot 'extrapole' à son tour, maintenant (au temps pour "ceux qui s'inquiétaient")... on voit donc bien comment il a l'habitude de raisonner - raisonnement qu'il suppose donc partagé par les climatologues.
Quant à l’évolution à l’échelle de la France, elle est très difficile à évaluer, au vu de la variabilité régionale observée au cours du siècle qui vient de s’écouler. Bref, le climat devrait continuer à évoluer, avec des constantes de temps d’une à quelques dizaines d’années, tantôt vers le haut, tantôt vers le bas.
En voilà une expertise qu'elle est bien etayée...
Savoir si l’accumalation poursuivie du CO2 déclenchera un réchauffement anormal dans les années qui viennent est un sujet de recherche important. Mais dire que ce réchauffement anormal a déjà commencé, et ce avec un seuil de confiance de 90% comme le dit le rapport du GIEC aux décideurs politiques, ne nous semble compatible ni avec la complexité du problème , ni avec les nombreuses observations qui semblent indiquer d’autres causes. Savoir si les évolutions climatiques sont une bonne ou une mauvaise chose, où et pour qui, est un problème distinct, qu’il vaudrait mieux ne pas mélanger sans précaution avec l’analyse scientifique de faits. »
Ne pas mélanger les choses (sous-entendu, moi je ne le fais pas, les autres, oui), c'est pour ca qu'il y a des groupes de travail I et II à l'IPCC, non ?
Manquent ici quelques éléments du discours habituel de Courtillot - par exemple l'extrapolation linéaire sur le XXIèm siècle des 20 cm de hausse du niveau marin au siècle dernier, qui ne s'est 'pas accélérée' (juste de ~2 à ~3,5mm/an sur les derniers 20 ans, soit plus de 50%...) - mais bon, il y a déjà largement ici de quoi le discréditer lorsqu'il donne son avis sur le climat...
En résumé, le propos de Courtillot est fait d'une bonne dose de mauvaise foi, de beaucoup de sous-entendus, et, visiblement, d'incompréhension. On dirait que pour lui tout ca se résume à rapprocher des courbes et d'extrapoler les 'ressemblances'- et la physique et les mécanismes, on verra ca plus tard... : qu'il fasse cela de son côté, fort bien - mais qu'il ne fasse pas croire que c'est là le seul raisonnement de la science du climat; et qu'il ne s'étonne pas si de tels travaux n'emportent pas l'adhésion (c'est un euphémisme) de la communauté concernée (voir par exemple ici, à nouveau).